Le Pen, diable d'homme !

Le père Le Pen a réitéré son assertion sur les chambres à gaz, qu'il présente comme « un détail dans l'histoire de la seconde guerre mondiale ». Deux sortes de réactions : morales, car cela revient à nier la mémoire des victimes, donc à les assassiner une seconde fois, et politiques, car cela remet en selle les idées d'origine du Front national, malgré les efforts de la fille pour le « dédiaboliser ». Remarquons, sur ce dernier point, que la dédiabolisation marche mieux s'il y a vraiment un diable. Le père, en se montrant pas sortable, rend finalement service à la fille, en lui offrant l'occasion d'un coup d'éclat antinégationniste. De là à penser qu'il s'agit d'une opération concertée pour parachever la "dédiabilisation" du FN ...

Mais il y a autre chose. En faisant du plan d'extermination systématique des Juifs un « détail », Le Pen change la nature même de la guerre hitlérienne. L'extermination des Juifs n'est pas une sorte de crime de guerre, un « dommage collatéral », même horrible, elle était l'un des buts de guerre des nazis. En finir avec les Juifs était le but politique des nazis. La guerre est la poursuite de la politique avec d'autres moyens. Les chambres à gaz ne sont pas « un détail » non seulement par l'énormité et l'horreur qu'elles représentent, elles sont au contraire l'essence même de la guerre des nazis.

Le Pen père est dans sa propre tradition de négationnnisme, mais la fille, en ne dénonçant que l'outrance et le caractère "suicidaire" des déclarations du père, souscrit implicitement au négationnisme du père.

"il me fait chier", dit-elle, mais pas "il me fait honte" ...